Pierre Corthay
Le modèle Arca de Pierre Corthay comporte les spécificités du travail d’un bottier digne de ce titre : 160 opérations pour du prêt à chausser selon le procédé Goodyear. Il en faudra 230 sur un soulier sur mesure, 5 jours d’ouvrage pour les artisans, aptes à réaliser les montages Norvégien, cousu dedans-dehors ou cousu-ficelle en plus du procédé *Goodyear habituel à Corthay. La chaussure durera une vie.
Compagnon du Devoir, Pierre a appris les savoirs faire développés à partir du 16e siècle et qui ont culminé en Angleterre au 19e siècle. 400 manufactures tournaient alors à Northampton. Pierre a d’ailleurs fait ses classes chez John Lobb, l’une des Maisons phares de cette ville, puis chez Berluti avant de lancer sa propre Maison en 1990 et ouvrir son atelier parisien et sa manufacture en banlieue. Alors que la course au rendement éliminait chez les autres les coutures durables, les fils solides ou le cloutage, Pierre Corthay mise sur la disparition du gâchis, la valeur ajoutée d’une qualité irréprochable de son travail et du matériel nécessaire à son métier, de la peau justement tannée aux clous et autre cirage pour la touche finale du glaçage.
En trente ans, presque toutes les manufactures de l’hexagone ont fermé. Difficile de chiffrer l’hécatombe avec les statistiques réunissant tous les métiers du cuir (maroquinerie, chaussure, gant, vêtements, sellerie). Sans compter les fermetures de tous les fournisseurs, on peut toutefois se figurer la situation en décomptant les centaines de milliers d’ouvriers qui travaillaient encore dans ce secteur global en 1974. Ils seront 61 000 en 1985. Moins de 30 000 en 1997 (Insee).
En 2006, restent dix principaux donneurs d’ordre dans l’industrie du cuir en France (Sessi), une poignée de tanneries, un seul fabriquant d’embauchoirs haut de gamme, la dernière industrie du petit outillage métal et un ultime fabricant de cirage. À Northampton, 4 manufactures.
*Signe distinctif internes du montage Goodyear : agrafes maintenant le cuir pendant la couture de la semelle.