A la découverte du «lux Inside»

Un voyage dans le luxe de l'invention et du savoir-faire, des ateliers qui transmettent
et des ingénieurs qui créent.
Le meilleur des mains et de l’esprit inspiré par
Cadolle, Christofle, Pierre Corthay, Cristal Saint Louis - Hilton Mc Connico, Dyson, Les Paul de Gibson, Hermès, Le Labo-Lehanneur-Edwards, Leica, Christian Louboutin, Cognac Louis XIII, Mary Beyer-atelier Lavabre Cadet, S.T.Dupont, Quantum Glass-Saint Gobain


Pierre Corthay

Le modèle Arca de Pierre Corthay comporte les spécificités du travail d’un bottier digne de ce titre : 160 opérations pour du prêt à chausser selon le procédé Goodyear. Il en faudra 230 sur un soulier sur mesure, 5 jours d’ouvrage pour les artisans, aptes à réaliser les montages Norvégien, cousu dedans-dehors ou cousu-ficelle en plus du procédé *Goodyear habituel à Corthay. La chaussure durera une vie.

Compagnon du Devoir, Pierre a appris les savoirs faire développés à partir du 16e siècle et qui ont culminé en Angleterre au 19e siècle. 400 manufactures tournaient alors à Northampton. Pierre a d’ailleurs fait ses classes chez John Lobb, l’une des Maisons phares de cette ville, puis chez Berluti avant de lancer sa propre Maison en 1990 et ouvrir son atelier parisien et sa manufacture en banlieue. Alors que la course au rendement éliminait chez les autres les coutures durables, les fils solides ou le cloutage, Pierre Corthay mise sur la disparition du gâchis, la valeur ajoutée d’une qualité irréprochable de son travail et du matériel nécessaire à son métier, de la peau justement tannée aux clous et autre cirage pour la touche finale du glaçage.

En trente ans, presque toutes les manufactures de l’hexagone ont fermé. Difficile de chiffrer l’hécatombe avec les statistiques réunissant tous les métiers du cuir (maroquinerie, chaussure, gant, vêtements, sellerie). Sans compter les fermetures de tous les fournisseurs, on peut toutefois se figurer la situation en décomptant les centaines de milliers d’ouvriers qui travaillaient encore dans ce secteur global en 1974. Ils seront 61 000 en 1985. Moins de 30 000 en 1997 (Insee).

En 2006, restent dix principaux donneurs d’ordre dans l’industrie du cuir en France (Sessi), une poignée de tanneries, un seul fabriquant d’embauchoirs haut de gamme, la dernière industrie du petit outillage métal et un ultime fabricant de cirage. À Northampton, 4 manufactures.

*Signe distinctif internes du montage Goodyear : agrafes maintenant le cuir pendant la couture de la semelle.

ArcaChïc

Inspiré du Soulier Arca de Pierre Corthay

«La qualité : un archaïsme?»

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Christofle

Le service à café Malmaison de Christofle rappelle que la reconnaissance internationale de l’orfèvre remonte à l’Empire sous Napoléon III. Période faste des inventions à tout va, la clientèle exige le plus raffiné et innovant que l’époque puisse offrir. Christofle les servira.

Charles Christofle est un petit industriel né en 1805. D’abord spécialisé en bijouterie, il pressent que le nouvel usage de « la salle à manger » va générer un marché porteur pour les arts de la table. Il équipe sa manufacture des derniers outils et machines inventés pour le procédé émergeant de l’argenture industrielle par électrolyse, permettant une orfèvrerie en métal argenté au coût bien moindre mais égalant la beauté et le faste des pièces en argent massif. Ce sommet du luxe, abordable, convainc les « people » de l’époque, et toutes les cours, les palaces et les navires transatlantiques s’empressent de commander des services à la Russe ou à la Française dans le réseau de boutiques relayant la production.

Si la Maison a su garder vivante la tradition et le savoir-faire dans son atelier de haute orfèvrerie, elle s’est appuyé sur le talent de créateurs en phase avec leur époque et a mis en place les inventions permettant leur production. Trois atouts à la source du succès qui amena la manufacture Christofle à devenir le terme générique « Du Christofle ». Ironie de l’histoire, c’est cette Maison qui à l’origine s’apparentait à un industriel visionnaire cherchant à développer une production de masse, qui fait partie aujourd’hui des derniers orfèvres de luxe.

Les inventions : la pile du physicien Italien Volta (1800), les dépôts -simultanés- des brevets des frères anglais Elkington et du Français Henri de Ruolz pour l’électrolyse (1840), la dynamo (1869, machine du belge Gramme), toutes inventions menant à la galvanoplastie (obtenir une forme par dépôt) et perfectionnée avec le nickel brillant obtenu par l’allemand Max Schlotter (1937) . On retiendra les exploits de Christofle, jamais détrônés, des groupes monumentaux coiffant le toit du Palais Garnier ou l’incroyable Notre Dame de la Garde à Marseille qui nécessita des cuves contenant 70 000 litres de liquide et pesant une tonne et demi.

FASTE FOOD

Inspiré du sucrier en métal argenté Malmaison de Christofle

«De Christofle à du Christofle»

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Leica

L’assemblage des 1300 pièces qui le composent nécessite 5 heures. Une extravagance totale dans l'industrie ultra-rationalisée de la photo aujourd’hui, essentiellement Japonaise.

Seulement, le Leica M est un mythe vivant, le seul appareil photo qui suscite le rêve et oblige son utilisateur à s’adapter à ses spécificités. Son principe, le premier appareil compact alors que n’existaient que de lourdes chambres, comporte aussi l’invention du format 24x36. Inventé en 1913 par Oscar Barnack alors employé de l’industrie optique Leitz, il fut surnommé Lilliput et déclancha les moqueries des visiteurs de la foire de Leipzig en 1925. Mais le dirigeant de Leitz y croit et créé une division spéciale pour sa production : Leica pour LEItz Camera.

Presque un siècle plus tard, il compte à son service 130 ingénieurs dans la cellule de recherche qui lui est dédiée. Le cap du numérique fut ardu à surmonter, manquant faire chavirer l’entreprise.

Le M8 inaugura cette nouvelle ère, essuya les plâtres mais représente comme pour un humain l’évolution inéluctable du M pour que son espèce perdure. Leica est la dernière marque européenne d’appareils photo.

AiMe

Inspiré de l’appareil photo numérique M8 de Leica

«Capter mieux que l’œil»

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Hermès

Hermès innove quand la majorité des entreprises de luxe se repose sur ses valeurs sûres. La selle Talaris synthétise l’histoire de l’entreprise Hermès, la transmission des connaissances et l’innovation. Avec sa structure high-tech en fibre de carbone enchâssée dans des quartiers de cuir cousu point sellier, elle apporte un confort nouveau et la faculté de se faire, dès son premier usage, l’écho précis des muscles donneurs d’ordre.

Elle est aussi le porte-parole actuel des cinq générations de la famille qui tinrent les rênes jusqu’à maintenant : garder l’esprit visionnaire face aux besoins évolutifs de la société, et être apte à innover sur les bases saines du fil des savoirs faire jamais rompus.

Si Thierry Hermès fut reconnu comme sellier de haut vol dès 1837, son petit-fils Emile sut appréhender le virage de l’avènement automobile, inventer les vitrines d’angle au célèbre 24 Faubourg St Honoré et révolutionner les bagages en usant de la fermeture éclair brevetée par l’américain Prentice (et en négocier l’exclusivité de distribution en Europe).

En 1914 Hermès employait 70 selliers. La cinquième génération a porté ce chiffre à 1600 personnes qui travaillent cette matière sur les près de 6000 oeuvrant pour la Maison dans le monde.

Loin de délocaliser, Hermès a aussi, discrètement et contre la logique des méthodes promues par les écoles de commerce, racheté des entreprises patrimoniales et ainsi gardé vivants les savoirs nécessaires à l’innovation. On l’appelle aujourd’hui la stratégie horizontale. Celle d’une entreprise dont l’emblème est un cheval volant...vers le ciel.

ENVOL

Inspiré de la selle Talaris de Hermès

«Innovation et tradition: le luxe du XXIe siècle»

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Les Paul de Gibson

La première guitare électrique est née à New York en 1941 : un micro dans une bûche de bois. Son créateur Lester Polfus, alias Les Paul, apprit tout de l’électricité à la mécanique en passant par la musique (des moteurs) dans le garage de son père. La Ford T y débarque en 1919, « elle va changer le monde » scande le paternel. Son fils va lui aussi changer à jamais le monde... De la musique. A13 ans, Les est déjà guitariste semi professionnel et dès 1934, il cherche à amplifier le son de sa guitare écrasée par les cuivres des orchestres de radio où il joue.1938, Strathopoulo, le boss grec d’Epiphone, concurrent du leader Gibson, prête à Les Paul son atelier les dimanches. 4 ans furent nécessaires pour que Les trouve la bonne composition . 2 ans de tests plus tard, Les est prêt, mais Strathopoulos décède. Les propose alors son invention à Gibson... qui la commercialisera 10 ans plus tard. Il n’y croyait pas.

Pourtant, la manufacture Gibson avait connu ses premières gloires en inventant. Orville Gibson, luthier en 1896 à Kalamazoo, avait créé les premières mandolines inspirées des violons en forme de A ou de F, la première guitare-harpe ou la dix cordes. La petite entreprise artisanale se transformera peu à peu en véritable industrie d’instruments à corde et rachètera son principal concurrent Epiphone en 1957. Elle s’envole au firmament de la gloire tant avec ses célèbres acoustiques adoptées par Dylan par exemple, qu’avec la production des guitares électriques dont la désormais mythique Les Paul.

1970 : Gibson comptera 1200 employés aux USA et vendra jusque 100 000 instruments chaque année. Toutes marques confondues, la production des guitares électriques a quitté le territoire américain pour le Mexique et l’Asie. Gibson garde sa manufacture d’élite à Nashville, avec ses artisans ébénistes et luthiers, dédiée au très haut de gamme : les custom (sur mesure).

Les Paul, inventeur : A la demande de Bing Crosby, Les Paul inventa aussi l’enregistreur multipistes, précurseur des studios d’enregistrement actuels. Le prototype utilisait un enjoliveur de voiture Cadillac. En 1954, Les Paul mettra définitivement au point avec Jack Mullin d’Ampex le 8 pistes à bandes magnétiques (plus efficaces que la cire), mais aussi le système »Sel-Sync » (selective synchronous) doté de têtes de lecture modifiées permettant de moduler les vitesses de passage.

Les is more

Inspiré de la guitare électrique Les Paul custom de Gibson

«La log qui a changé le monde de la musique»

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Cognac Louis XIII

Il faut un siècle pour que naisse Le cognac Louis XIII. Cent ans durant lesquels Les eaux de vie maturent au coeur des chais de pierre, laissant s’évaporer 1/6 de la production en ce que les vignerons nomment poétiquement « la part des Anges ».

C’est à Paul-Emile Rémy-Martin que l’on doit la création du plus élitiste des cognacs en 1874. 2 ans après que le phylloxera ait détruit le vignoble cognaçais, et face à l’absence de récoltes, il décide de composer un cru mêlant les eaux de vie stockées par ses ancêtres depuis 1774. Coup de génie, l’assemblage donnera un cru exceptionnel servi dans l’Orient Express ou sur les tables des rois comme la dynastie Qing et ensuite... Mao, en Chine, où tous connaissent le centaure, emblème de la Maison.

Le maître de chais actuel s’échine à en reproduire scrupuleusement les arômes complexes. Le Louis XIII est en effet composé de 1200 eaux de vie du Charentais, âgées de 40 à 100 ans. Elles vieillissent en fûts de chêne, un cadeau involontaire de Jean Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, qui fit planter des forêts pour la construction de navires.

La France est seule au monde à posséder suffisamment de forets centenaires gérées durablement pour pouvoir garder florissante la corporation des tonneliers et fournir ainsi l’écrin parfait des plus grands crus. Sans cela, et sans les *450 vignerons et distillateurs de Grande Champagne, jamais le Louis XIII ne serait parvenu jusqu’à nous et personne chez Rémy Martin ne s’obstinerait à produire aujourd’hui celui qui sortira dans cent ans.

*1800 personnes (exploitants et ouvriers). 20 des vignerons seulement verront leurs eaux de vie sélectionnées pour le Louis XIII lors du comité de dégustation annuel. Sur le site de Cognac (chais, embouteillages, labo, bureaux) :95 personnes Tonneliers : 10 entreprises (50 personnes) Carafe : 11 cristalliers de chez Baccarat sont dédiés à la carafe Coffret : 100 personnes. Au total, 4 générations sont nécessaires pour parvenir au Louis XIII dans ses atours de vente, soit plus de 8000 personnes directement impliquées.

CENTOR

Inspiré du Cognac Louis XIII

«Boire le temps»

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S.T.Dupont

Ironie du sort, ce sont les flammes d’un gigantesque incendie qui réduisirent presque à néant la manufacture historique de Faverges le 1er janvier 2008.

Alors qu’un groupe Hongkongais avait acquis l’entreprise vingt ans plus tôt, son sort en semblait jeté et la délocalisation totale inéluctable. Si les faits sont avérés pour les entrées de gamme, les asiatiques ne croient qu’au potentiel d’une collection de luxe au berceau Français toujours vivant. Mais aussi, les habitants de la région font montre d’une solidarité exceptionnelle pour ne pas voir mourir la fabrique historique de la région.

Chaque habitant offre gracieusement son garage ou son atelier pour qu’une machine extraite des décombres y fonctionne, permettant de poursuivre la production en attendant les nouveaux bâtiments. La manufacture du savoyard Simon Tissot Dupont renaît de ses cendres.

Le briquet à gaz, évolution de celui à essence, dont le brevet fut déposé en 1941 par le fils du fondateur André, continue à produire le son si caractéristique de son capot claquant. 350 personnes s’y attellent en Haute- Savoie,

La fabrique préserve des métiers devenus rarissimes en France, comme les démarreuses » de plume, pour les stylos du mêmes noms dont on débute l’écriture comme on ferait une chaussure, ou les laqueurs purifiant eux- mêmes les lourdes laques noires de Chine livrées en jarre de bambou tressé et les ingénieurs qui veillent à l’éternelle étanchéité des réservoirs nichés dans les entrailles métalliques du briquet.

DESTIN DE FLAMME

Inspiré du briquet S.T.Dupont

«Laque de Chine, orfèvre et brevet»

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Cadolle

Porte-drapeau du "bien aller", la Maison Cadolle, prisée de Mata Hari à la Duchesse de Windsor, a fait la notoriété mondiale des créateurs et manufactures Françaises de lingerie dans le monde. Après qu’Herminie Cadolle eut inventé le soutien gorge en 1889, ce nouveau confort révolutionnaire pour les femmes a intégré une multitude d’innovations dans les secrets de sa composition.

Du caoutchouc inséré par Herminie dans les premiers fils "élastique" (le fil gomme), jusqu’à la fibre Lycra, des broderies et dentelles incrustées à la soie découpée en 20 pans pour coller au plus près du corps de la femme.

Tout en préservant son atelier de sur-mesure, Cadolle a tout fait pour démocratiser le produit de son savoir-faire, participant à la création au 20e siècle des innombrables manufactures de l’hexagone générant des centaines de milliers d’emplois qualifiés. Et si depuis 1996, plus une seule manufacture Française ne produit ses collections sur le territoire, la 6e génération de femmes Cadolle reste aujourd’hui à la tête de l’un des ultimes ateliers de lingerie Française, formant des stagiaires pour ne pas laisser disparaître le fruit de 130 ans de pratique et de création.”

Quelques chiffres :
En 45 ans, les volumes importés ont fortement augmenté, se substituant essentiellement à la production nationale. En 1960, la valeur de la production française représentait 70 % des ventes totales, elle n’en représente plus qu’un quart en 2006 (soit 1,0 point par an en moyenne). (estimation LuxInside 1% en 2010)

D’une part, les industriels et les entreprises commerciales recourent à la sous-traitance étrangère, ce qui entraîne souvent une substitution entre production nationale et marges commerciales. D’autre part, les entreprises commerciales ont vraisemblablement eu la possibilité d’augmenter leur taux de marge sur l’ensemble de la période. En lingerie, la consommation croit 2 à 3% par an depuis 1980 (source Union des industries textiles, chiffres 2006)

BIEN ALLER

Inspiré d’une guêpière Cadolle

«L’inventeuse du soutien gorge, moteur de la recherche textile»

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Cristal Saint Louis - Hilton Mc Connico

Si une industrie connaît bien la valeur des inventions, c’est sans doute celle des cristalleries. Encore aujourd’hui, il s’agit d’une véritable bataille de chimistes, chacun enfermant ses formules codées dans son coffre du compositeur, ou la salle des druides, leurs surnoms selon les entreprises. 350 ans de secrets.

En 1676, l’Anglais Ravenscroft découvre lors d’une mauvaise manipulation le pouvoir de réfraction du verre mêlé au plomb. Le cristal est né outre-Manche, et les espions s’échinent à en découvrir les arcanes. Il faudra un siècle pour que la verrerie royale de Saint Louis y parvienne. 1781, la chose est faite et les verriers interdits de s’éloigner de plus de 5 lieues du village Lorrain de Saint Louis lès Bitche. Même les maîtres verriers élevés au rang de gentilshommes et portant l'épée !

2010, la qualité des cristalleries Saint Louis n’est plus à faire, mais les bâtisses ne se visitent pas et les 200 ouvriers savent que leur avenir repose sur la préservation des savoirs-faire et les innovations leur permettant de créer de nouveaux modèles exclusifs incopiables. Ainsi du service Extravagance de Hilton Mc Connico, un bijou de taille diamant inspiré de Trianon, le premier modèle de la manufacture déposé en 1830.

ALCHIMIE

Inspiré du service Extravagance dessiné par Hilton Mc Connico pour Cristal Saint Louis

«L’alchimie de Saint Louis»

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Dyson

420 ingénieurs-designers dans sa cellule recherche et développement. Un brevet par jour (1500 brevets déjà déposés). Un luxe inouï pour une entreprise créée en 1993 par un Anglais têtu comme une mule et convaincu d’avoir une vision claire de la façon d’utiliser le souffle de l’air, et son contraire, l’aspiration.

James Dyson avait passé 7 ans dans sa grange à créer 5127 prototypes d’un aspirateur sans sac. Il perdra 9 autres années à essayer de le faire produire par les plus grandes industries. Jusqu’où cela pouvait-il le mener ? À utiliser les dernières innovation appliquées à son invention de la force cyclonique pour rendre désuets tous les autres fabricants du monde. Seul contre tous, il mena judicieusement sa bataille de la création contre les idées reçues.

En 17 ans, l’entreprise Dyson est devenue un fleuron de l’industrie anglaise. Même si son aspirateur fut pendant longtemps le plus cher au monde, il n’entre pas pour autant dans la catégorie convenue des industries du luxe. Les deux seules matières premières « nobles » qu’utilise James Dyson sont le vent et le cerveau.

Mais on peut au regard de l’histoire des Charles Christofle, Herminie Cadolle, Paul Emile Rémy Martin et autres Les Paul, voir se profiler une icône du luxe futur, reprenant un siècle plus tard le même parcours que ces inventeurs de géni qui en dominant une technique sont devenues les emblèmes du luxe d’aujourd’hui.

SPARTA

Inspiré de l’aspirateur sans sac de James Dyson

«Seul contre tous»

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Mary Beyer-atelier Lavabre Cadet

Les gants de Mary Beyer étonnent par leurs formes, légèreté, finesse des coutures et peau d’agneau glacée. Il vient de Millau, l’un des berceaux de l’industrie gantière. Cette région qui vivait depuis le 11e siècle des élevages de brebis dont le lait nourrit le roquefort, avait développé au cours des siècles une technique unique de tannage des peaux d’agneau idéale pour les gants raffinés.

Mary quant à elle est créatrice, gantière et chef d’une petite entreprise : l’un des derniers ateliers actuels fabriquant le gant de Millau, et l’ultime en France à réaliser du sur-mesure.. Pourtant, cette corporation existant depuis 1208 concevaient avec succès les gants comme un accessoire de mode qui illustrait les marques de pouvoir et d’élégance (parfumés au 17e siècle) des dignitaires, mais aussi comme simple protection efficace contre le froid. Le secteur a connu un extraordinaire développement avec l’invention de la machine à coudre de Howe et de l’emporte-pièce à l’ère industrielle.

Utilisant son savoir faire tant en tannerie qu’en ganterie, la France est devenue la capitale mondiale du gant en 1933. En 2010, restent 2 ateliers à Millau transmettant leur savoir, tablant sur un futur cercle plus large d’esthètes qui miseront sur un luxe éthique et la créativité appuyée par une qualité exceptionnelle. Idée reçue: Se vend-il moins de gants qu’avant ? Absolument pas. Le marché sur l’hémisphère Nord progresse d’année en année,d’autant plus que les gants mal fabriqués sont à jeter en moins d’une saison.

Chiffres du secteur gantier en France :
1946 : 441 fabriques de gants, 12 millions de paires
1989 : 40
2010 : 5
Chiffres Millau :
1880 : 70 ganteries, 20 tanneries, 7500 ouvriers
1933 : 76 ganteries, 12000 personnes
1963 : 6500 personnes
1989 : 18 fabriques, 9 mégisseries, 700 salariés
2010 : 35 artisans, 3 mégisseries

ELLE & GANT

Inspiré du gant Neptune de Mary Beyer (et son atelier Lavabre Cadet)

«L’histoire au bout des doigts»

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Le Labo-Lehanneur-Edwards

Un designer, un professeur en géni biomédical, la conviction que la nature possède les remèdes contre les polluants chimiques volatiles, et l’intuition qu’il faudrait peut-être lui donner un coup de pouce afin d’y mieux parvenir... C’est ainsi qu’ Andrea est né.

Il s’appuie sur les recherches de la Nasa, validées en 1988 pour purifier l’environnement des cosmonautes dans leur capsule. À l’époque, on découvre le pouvoir de certaines familles de plantes d’absorber les composés chimiques toxiques et les déposer dans un filtre d’eau.

Vingt ans tard, le Français Mathieu Lehanneur et l’Américain David Edwards décident de reprendre les recherches à ce point-là en 2006. 3 ans plus tard, les essais prouvent que les racines des plantes ont un potentiel bien plus efficace que les feuilles. Il faudrait obliger l’air à traverser le filtre des racines pour démultiplier la force de dépollution... Le prototype ressemble à une mini-serre portative. Il aspire en continue l’air vicié d’une pièce capturant les particules nocives dans le filtre naturel de la terre et du bassin d’eau.

Tout a commencé avec des si. Deux hommes se sont donné les moyens et le temps d’y répondre, convaincus qu’à l’avenir, le besoin ultime sera de s’attaquer aux pollutions invisibles, et d’optimiser les effets bénéfiques de notre plus grande alliée : la nature.

PANDORA

Inspiré du dépolluant d’air Andrea, de Mathieu Lehanneur et David Edwards

«Le coup de pouce à la nature»

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Christian Louboutin

Les talons vertigineux existent en Europe depuis le 16e siècle, alors que les Vénitiennes lancent la mode délirante de se jucher sur des « chopines », plateformes étranges atteignant, au prorata de leur degré de noblesse jusqu’à 75 cm. La Renaissance et l’engouement pour le raffinement italien apporta en France une version moins démesurée de cette tendance, mais adoptée pour longtemps par les femmes comme par les hommes.

Ainsi Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV, portait des talons hauts parce qu’il était petit, mais surtout parce qu’il était le plus proche parent du roi Soleil. Un soir de Carnaval, il partit s’encanailler au marché des Innocents, le Meat Packing District de l’époque. Ayant dansé au pied des abattoirs, il revint à l’aube à Versailles, ses talons damassés imbibés de sang, juste à temps pour le lever du monarque. A midi, tous les courtisans de haute volée croyant à un nouveau code, avaient fait teindre leurs talons de rouge, qui devinrent un signe distinctif de haute position.

Impossible de douter que les talons aiguilles et la semelle carmin des escarpins Christian Louboutin n’aient pas ainsi trouvé d’échos dans la mémoire collective. Ils permettent à chacune de se sentir une star lorsqu’elles portent aux pieds ces stilettos (tr : dague) dont la minceur des talons ne fut rendue possible que grâce aux inventions de l’ingénierie aéronautique sur les métaux après la seconde guerre mondiale.

DAGUE AERO

Inspiré d’un escarpin de Christian Louboutin

«Le talon rouge du XXIe siècle»

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Quantum Glass-Saint Gobain

Son histoire débute en 1666. Saint-Gobain, leader du verre dans le monde, implantée dans 64 pays avec 191 500 employés et un chiffre d’affaires de 40 milliards d’euros… Est bien l’une des Manufactures Royales créée par Colbert sous Louis XIV. Nommée à l’origine La Compagnie des Glaces, elle avait pour but de concurrencer le monopole des Vénitiens sur le marché élitiste des vitres et miroirs. La glace se soufflait alors à la bouche en un cylindre, fendu en deux à chaud et déroulé. Épaisse de plusieurs centimètres, elle était ensuite « doucie » soit frottée verre contre verre durant 15 jours pour parvenir à une surface plane, qui sera ensuite polie (6 jours) et étamée d’étain et de vif-argent.

La capacité de souffle des verriers ne permettait pas d’atteindre des surfaces plus grandes que 102x154cm. Cette méthode fut transmise par des ouvriers italiens transfuges de Venise, qui quittèrent la France après l’empoisonnement de deux d’entre eux, probablement par des compatriotes. La Manufacture réalisera sur ce modèle technique la Galerie des Glaces de Versailles, comme premier chef d’œuvre. Elle fera aussi l’objet jusqu’à aujourd’hui d’espionnage industriel pour ses propres inventions. Ainsi de la technique dite « par coulée sur table », inventée en 1688, qui permit de réaliser des glaces de grand format, miroir ou transparente. Signe de luxe total hors de prix, la glace restera durant 160 ans l’objet du désir et de la démonstration de puissance des nantis de ce monde. Jusqu’en 1831. À partir de cette date, miroirs et vitres ne cesseront de diminuer de coût et entrer dans chaque maison grâce à une foultitude d’inventions et la modernisation des usines Saint-Gobain. La stratégie consiste à cumuler les strates de savoirs, et investir sans cesse dans l’innovation pour rester tête de file de son industrie. 180 ans de marché destiné au plus large public et au meilleur prix.

2009 : Saint-Gobain lance discrètement Quantum Glass, la marque des verres les plus innovants que son industrie puisse produire au XXIe siècle. Dans la transparence de la vitre se cachent des couches invisibles de gaz et d’électroniques produisant à l’envi lumière sculptée (le planilum par ex) chaleur, énergie, isolation et/ou transmission de son. La première industrie historique du luxe met à disposition d’un public averti cette gamme issue des dernières expérimentations de ses cellules de recherche. Il s’agit ici du luxe de disposer en premier du meilleur de ce que l’homme peut créer.

4 inventions : le verre coulé (1688), le verre Securit en 1913 pour les pare-brise de l’industrie automobile naissante ou le verre trempé et la vitre bombée mis en scène au pavillon de Saint-Gobain à l’exposition universelle de 1937. Rareté méconnue : les abeilles en fil de verre brodé sur le manteau du sacre de Napoléon (1803) précurseur de la fibre de verre.

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Inspiré d’un luminaire en planilum (Saint-Gobain) dessiné par Tomas Erel

«3 siècles de savoir-faire et de progrès»